Présentation des lauréats des Trophées NEOMA ALUMNI 2025

Cérémonie des Trophées NEOMA ALUMNI 2025 

Anniversaire des 20 ans

Grand Salon - Hôtel des Invalides

Mardi 25 novembre 2025 à partir de 18h30

Lancés en 2005, les Trophées NEOMA Alumni permettent de distinguer des diplômés dont la réussite mérite d’être mise en exergue aux yeux de leur communauté. Leur sélection a toujours été guidée par deux valeurs : l’exemplarité et la reconnaissance. Leur carrière professionnelle doit en effet être une référence pour les diplômés, notamment les plus jeunes et ils doivent continuer de porter la valeur de leur diplôme (citations dans la presse, cotisation à l’association des diplômés, etc.). 

Parmi les lauréats des catégories professionnelles, l’un des sept lauréats se verra remettre le Trophée du Management 2025, attribué à la suite du vote des diplômés de NEOMA BS et des délibérations d’un jury de professionnels.

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Les six lauréats en compétition pour le Trophée du Management 2025
Textes de Patrice Theillout

Prix Direction générale

Doris Birkhofer (CESEM 97)
Présidente & CEO  - Siemens -  Région France BeLux Maghreb

Double culture et parcours unique 

Doris Birkhofer a quinze ans lorsqu’elle fait ses premiers pas chez Siemens, lors d’un job d’été. L’expression s’impose. “Tout l’été, j’ai distribué le courrier sur l’immense site de Siemens à Erlangen”, raconte en souriant cette Bavaroise d’origine, qui restera fidèle au géant allemand. Amoureuse de la France également, dont elle découvre l’art de vivre lors de ses séjours à Libourne, jumelée à sa ville natale. La jeune femme obtient en 1997 un double diplôme d’études supérieures européennes de management de l’ESB Business School de Reutlingen et de NEOMA à Reims. Riche de cette double culture, elle entame un parcours unique. Et remarquable. Elle intègre à vingt-trois ans le conseil interne de Siemens. “J’étais la plus jeune recrue.” Elle s’y consacre sept ans, “dont trois à lancer la filiale américaine du groupe depuis New York.” Désormais parfaitement trilingue, elle est chargée de la stratégie Corporate des pays en développement, avant de se voir confier, à seulement trente ans, le pilotage d’une activité de puces intelligentes dans le domaine de la santé. En 2009, elle entre au département stratégie Saint-Gobain puis prend la direction d’une filiale. “J’ai saisi l’opportunité de rejoindre mon mari en France, tout en gardant d’excellentes relations avec Siemens.” En 2014, chez l’Américain Alcoa, producteur d’aluminium, elle dirige des projets d’acquisition et de croissance en Europe, puis prend la présidence d’Arconic France, un spin-off de haute technologie. 2018 marque son retour chez Siemens, qu’elle réintègre en tant que CEO Europe de l’Ouest de la division Building Technologies. Présidente de Siemens France depuis octobre 2021, Doris Birkhofer est également CEO de Siemens Smart Infrastructure France. Son périmètre recouvre le BeLux et le Maghreb.

Siemens, acteur historique de la performance industrielle

Le groupe, dont elle a une connaissance approfondie, célèbre cette année son 175^e anniversaire en France ! “Siemens est un acteur historique de la performance industrielle, rappelle-t-elle. Il a contribué à l’électrification de l’industrie et continue chaque jour, sans relâche, d’œuvrer en faveur de sa transformation.” Le géant allemand s’appuie sur sa maîtrise de l’IA et des technologies de pointe pour adresser les grands enjeux de l’époque : la transition énergétique, les transports, la sécurité, la réduction des coûts de production… “Nous sommes des spécialistes de l’automatisation dans l’industrie, des bâtiments et infrastructures intelligents, leader de l’IA industrielle. Nous développons par exemple des solutions technologiques comme les jumeaux numériques, qui permettent de simuler le fonctionnement d’une usine ou d’un produit par exemple, avant sa création”, illustre la CEO de Siemens France, également présidente de la Chambre Franco-Allemande de Commerce et d’Industrie. “Unis, nos deux pays sont tout à fait capables de relocaliser des productions en France et en Europe.” Siemens France possède 3 sites de production et 40 agences en France. Au moment de recevoir son trophée, Doris Birkhofer se dit “honorée et flattée. NEOMA est une formidable école, ouverte à l’international et engagée en faveur de la diversité et de l’égalité des chances.” Elle soutient des associations comme Elles bougent, Femmes@Numérique ou le collectif IndustriElles, qui encouragent les profils féminins à se tourner vers les métiers scientifiques et industriels. NEOMA peut être fière de compter dans ses rangs une femme aux talents et activités décidément multiples, chevalier de la Légion d’honneur et qui vient d’intégrer le palmarès Next Women 40. 

Prix Finance

Frédéric Corbay (PGE90)
CFO - Ipsos France

Financier de terrain

Le contrôle de gestion et la direction financière ne se limitent décidément pas à l’examen de tableaux Excel ou de longs rapports chiffrés. Frédéric Corbay, l’actuel CFO d’Ipsos bva, est avant tout un homme de terrain. Ce binational effectue son service en coopération, au sein du consulat de Francfort. “Je conseillais les PME françaises désireuses d’exporter en Allemagne.” Parfaitement bilingue et désireux de poursuivre son expérience internationale, il est choisi pour occuper le poste de contrôleur de gestion puis d’adjoint au directeur après-vente de Renault Allemagne. En 1998, il est nommé directeur financier de Renault Croatie, une création de poste. “La région des Balkans se reconstruisait après les conflits. L’environnement était encore chaotique.” Notre homme pilote l’expansion rapide du constructeur au losange puis accompagne sa croissance en Slovénie, comme directeur financier. Retour en France à Bordeaux en 2003, dans le réseau de vente. “La feuille de route portait sur la stratégie d’investissement, de vente et de financement des véhicules du réseau.” Frédéric franchit de nouveau les frontières en 2006 et prend la direction financière de Renault Europe Centrale. En 2009, en pleine crise de l’automobile, il quitte Renault, mais reste à Prague en qualité de CFO Europe centrale d’Ipsos. Un nouveau secteur, de nouveaux challenges.

Fournisseur d’éclairages

Voulez-vous savoir pourquoi chaque année, près de 15 000 jeunes diplômés issus des écoles françaises d’ingénieurs et de management partent travailler à l’étranger ? Quel pourcentage des agriculteurs européens a d’ores et déjà opté pour l’agriculture régénératrice, modèle durable qui restaure la santé des sols et renforce les écosystèmes, ou encore quel est le baromètre de la précarité en France en 2025 ? Ipsos a la réponse. “Cet institut d’études est principalement connu du grand public pour ses sondages d’opinion, qui ne représentent pourtant qu’1 % de son chiffre d’affaires, explique Frédéric Corbay. L’ambition d’Ipsos, créé en France en 1975, présent dans 90 pays et qui vient d’acquérir BVA, est d’éclairer ses clients sur d’innombrables sujets, avec la fiabilité de l’information, l’intégrité et la confidentialité pour valeurs premières.” Aujourd’hui accompagnés par des outils d’IA “développés en interne”, chercheurs, enquêteurs, analystes et scientifiques décryptent les tendances comportementales et de consommation pour plus de 5 000 clients à travers le monde : “Image de marque, exploration des phénomènes de société, analyse des échanges sur les réseaux sociaux, tests de nouveaux produits, services, concepts, publicités, packagings…” Une activité parfois à risques dans une société où manipulation et désinformation gagnent du terrain. “J’ai pris mes fonctions de CFO en 2013 de la filiale brésilienne, alors en difficulté, dans un climat tendu”, illustre Frédéric. Il s’entoure d’une équipe solide et redresse la barre, avant de passer la main en 2019 à son successeur brésilien, qu’il a formé. “Un bon souvenir pour finir”, sourit cet homme d’action, qui retrouve l’Hexagone comme directeur de l’Audit et Qualité, en plein Covid. “Ipsos était partenaire de l’analyse des lieux de contamination. Cela m’a rendu très fier de faire partie d’Ipsos.” Frédéric Corbay est directeur financier d’Ipsos France depuis l’été 2020. Il accompagne le board dans le pilotage du développement de l’entreprise, fournissant des indicateurs financiers clés pour l’avenir. Éclaireur à son tour.

Prix Marketing

Valérie Maucotel (PGE 94)
CMO - VELVET - Membre du Comité Exécutif

En toute simplicité

Au milieu des années 80, un spot télé du ministère des PTT (!) affirmait ; “le bonheur, c’est simple comme un coup de fil.” 10 ans plus tard. Exit le fil. Le téléphone devient mobile et va très vite entrer dans toutes les poches. Valérie Maucotel est de l’aventure. “Rendre simple la vie du consommateur est l’une des quêtes du marketing” déclare cette experte en la matière. En 95, elle commence sa carrière comme cheffe de marché abonnements chez Orange. Puis elle passe chez SFR en 1999. Elle y restera 15 ans. “Une période passionnante, dans un univers en croissance accélérée et en perpétuelle évolution”, souligne-t-elle. “À mon arrivée, SFR comptait 500 000 clients seulement. La conquête de nouveaux abonnés était rude entre les trois opérateurs.” Une fois le marché arrivé à maturité, l’heure est à la fidélisation. Puis, en 2012 l’arrivée de Free, opérateur low cost, change la donne. “En réponse, nous créons Red by SFR, sur la base d’une relation client exclusivement digitale.” En 2009, Directrice des offres à l’international, elle découvre “le lobbying dans les allées du parlement européen”, qui va réglementer les tarifs au sein de l’UE. En 2014, elle prend la Direction mobile paiement, banque et partenariats stratégiques. “Nous avons initié l’ère des services additionnels sur le mobile.” Devenu désormais l’indispensable assistant de notre existence. Et qui nous simplifie la vie. 

“Le ferroviaire est une grande famille” 

En 2017, Valérie change complètement de secteur et devient Directrice marketing TGV SNCF Voyageurs. “J’ai été formidablement accueillie, moi qui n’étais pas du sérail. Je comprends que le ferroviaire est une grande famille. Les collaborateurs de la SNCF aiment profondément leur entreprise.” Sa mission sera de “faire préférer le train”, mode de transport écologique et sûr, à la voiture et à l’avion sur les trajets longue distance, “dans un contexte de forte concurrence économique. Le TGV ne bénéficie pas de subventions de la puissance publique.” Mission accomplie. En 5 ans, la croissance du trafic est de 20 %. “En 2022, nous avons transporté 120 millions de voyageurs.” Valérie met l’accent sur la qualité de l’expérience client, “depuis la réservation jusqu’au voyage en lui-même.” Avec le WiFi à bord, désormais. Nouveau changement d’univers en 2022. Valérie rejoint Monoprix, comme Directrice marketing, communication et e-commerce. Deux ans plus tard, elle occupe un poste identique, chez Intermarché cette fois. “J’en garde un excellent souvenir. Dans la grande distribution, les marges sont très faibles, surtout en période de contraction du pouvoir d’achat. Mais là encore, l’expérience client en magasin revêt une importance cruciale.” Intermarché joue la carte de l’humour et de la proximité, “que traduisent parfaitement les messages publicitaires de l’agence Romance, avec laquelle j’ai adoré travailler.”  Mais la dimension stratégique lui manque. Alors, quand en juillet dernier les fondateurs de Velvet lui proposent le poste de directrice marketing et commercial, elle n’hésite pas un seul instant. “Ce nouvel acteur ferroviaire a pour objectif d’absorber une partie de la forte croissance du trafic TGV sur la façade atlantique.” En offrant aux voyageurs une expérience faite d’excellence, de plaisir et… de simplicité bien sûr. “La fidélisation est devenue transactionnelle. Notre ambition est qu’elle soit choisie et résulte de la satisfaction de nos passagers.” Si Velvet “ne se positionne pas comme concurrent de la SNCF”, nul doute que Valérie a quand même envie de nous faire préférer ses trains…

Prix Ressources Humaines

Mathilde LE COZ (PGE 04)
Directrice des Ressources Humaines - Forvis Mazars France

“Ne pas craindre l’avenir”

Mathilde Le Coz a accompli toute sa carrière au sein de Mazars. Aujourd’hui DRH et membre du Comex, elle est présidente de l’association Le Lab RH, qui promeut l’innovation RH et managériale, d’Innov’Inside, un projet d’acculturation à la posture entrepreneuriale, ou encore de la “HR Family”, écosystème d’entreprises et de start-up visant à accompagner l’innovation RH. Elle est également très engagée en faveur de la parité femmes-hommes. Elle nous livre ses conseils sur 7 questions qui lui tiennent à cœur. Des réponses sincères, pertinentes et revigorantes !

Un conseil ressources humaines ? Comme son intitulé l’énonce, ces “ressources” sont des hommes et des femmes, qui doivent être “source” d’attention, de dialogue, de curiosité. La fonction RH est un métier de convictions, contributif de la bonne marche d’une entreprise, qui requiert du courage. C’est aussi une activité aux multiples facettes : marketing, communication, dimension sociale, technologique avec l’IA, de conduite du changement, donc de management ! 

Un conseil managérial ? Le manager a plus de devoirs que de droits. Il est investi d’une grande responsabilité. N’oublions pas que le mot autorité signifie à l’origine “capacité de faire grandir”. Ses décisions comme ses propos doivent générer de la confiance au sein de son équipe. Bienveillance oui, complaisance non. Ne pas vouloir être aimé, ni craint, mais chercher à être respecté. 

Un conseil entrepreneurial ? Entrepreneur est un état d’esprit. D’indépendance, d’émancipation, d’innovation, de prise de risques. On peut aussi l’exprimer en étant intrapreneur ou à l’initiative d’un projet. Mais c’est avant tout, à mes yeux, une façon de répondre à la question : pour quoi suis-je fait ? Où serais-je le plus utile ?

Un conseil en matière d’IA ? Questionner sa finalité, sans crainte ni emballement. C’est un outil qui, incontestablement, va accroître la productivité des entreprises. Que faire de ce “gain” ? Le partager ? Revaloriser la dimension humaine du travail ? Générer un nouvel équilibre vie professionnelle-vie privée ? Rendre le monde plus responsable ? 

Un conseil pour attirer les talents ? L’enjeu est d’attirer et de fidéliser les talents et les compétences. Si c’est l’image de marque employeur qui attire, c’est la réalité qui retient. Notamment ses éléments tangibles : conditions et ambiances de travail, sens des missions, équilibre vie professionnelle et privée, rétribution financière ! 

Un conseil à qui veut embrasser une carrière dans le conseil ! Se demander : qui suis-je pour donner des conseils ? C’est un univers à aborder avec beaucoup d’humilité. Les jeunes recrues doivent être prêtes à apprendre, comprendre, analyser, s’appuyer sur les ressources expertes du cabinet. Nous avons également besoin de seniors dans notre univers ! De la somme de leurs connaissances, benchmarks, vécus.  

Un conseil sur la gestion de carrière ? Écoutez votre cœur ! J’ai eu un feeling très positif avec les personnes rencontrées chez Mazars avant mon intégration. Et saisir les opportunités. J’ai d’abord été auditrice financière, avant de basculer vers les RH.

Un ultime conseil ? Ne pas craindre l’avenir. Les humains sont pleins de ressources ! 

Prix Digital

Alain Vendrasco (PGE 98)
Director Digital & Client Director EMEA - Louis Vuitton

Fidèle au changement

 “La seule chose qui ne change pas, c'est le changement !” Alain Vendrasco reprend à son compte la formule – toujours d’actualité ! – attribuée au philosophe grec Héraclite, qui vécut vers 500 avant J.-C… “J’aime la nouveauté, les chemins à se frayer plutôt que les routes toutes tracées.” Avec une constante toutefois : “L’attrait irrésistible pour celui qui fait vivre toute entreprise : le client !” Ce jeune homme sportif, amateur de montagne, commence sa carrière professionnelle chez Air France-KLM, en qualité de chef de projet digital, en 1999. Il y restera près de deux décennies, alternant les missions en mode projet et les responsabilités opérationnelles, tout en sillonnant la planète. “Je ne me suis pas ennuyé une seconde, saisissant les multiples opportunités, toujours teintées de transformations majeures, que la compagnie m’offrait.” En Afrique du Sud, directeur marketing et commercial pour Air France-KLM, Alain fait décoller l’e-commerce et triple les ventes. À New York, il pilote la fusion de l’équipe commerciale avec celle de Delta, les commerciaux des régions devenant chargés d’affaires grands comptes. En 2015, nommé directeur adjoint du service client France, il introduit le Net Promoter Score dans la mesure de la performance, transformant les vendeurs de la vente à distance en conseillers de vente d’un Centre de Relation Client. Puis, virage sur l’aile, ce manager chevronné rejoint Concentrix, leader européen de la relation client, “en charge d’easyJet !” Il veut du changement, il est servi. “Finie la relation premium. L’objectif est d’interagir avec nos clients quasi-exclusivement via le digital, maîtrise des coûts oblige !” Après une escale d’un an comme directeur de l'expérience client chez Webhelp, Alain se lance en 2017 dans un nouveau challenge : directeur des services clients chez Louis Vuitton.

Entre digital, émotion et sur-mesure

“La relation-client dans l’univers du luxe est unique. Dans tous les sens du terme. Chaque client, chaque achat est différent. La personnalisation est la règle. Nos produits d’exception doivent générer une émotion particulière, inoubliable, pour celui ou celle qui les achète, autant à distance qu’en magasin.” Actuel directeur digital et client EMEA, Alain pilote l’e-commerce et le service client, n’hésitant pas à aller au-devant du désir de certains clients. “Pour l’un d’entre eux, j’ai suivi personnellement la commande d’un sac iconique signé Takashi Murakami”, à l’occasion de la célébration des vingt ans de collaboration entre le génial plasticien japonais et la marque au monogramme LV. “Nous utilisons les canaux modernes comme WhatsApp ou Apple Business, pour rester en contact avec nos clients, souvent grands voyageurs, et avons de plus en plus recours aux services de l’IA dans nos outils clients. Mais la dimension humaine entre eux et nos conseillers de vente reste la clé. Et pour la qualité de leur relation, la première interaction est primordiale.” Qu’un père cherche un cadeau pour sa fille pour fêter son diplôme d’architecte, et le conseiller gardera cette information en mémoire pour les convier tous deux à l’avant-première de l’exposition “Louis Vuitton Art Déco”. Les amoureux de Formule 1, quant à eux, seront invités à assister à un grand prix, “Louis Vuitton étant associé pour dix ans à la Formule 1 dans un partenariat mondial, avec la signature “Victory travels in Louis Vuitton”.” Une nouveauté. Qui réjouit forcément Alain.  

Prix Entrepreneuriat

Alicia Combaz (PGE 07)
CEO & Fondatrice - Make.org

“Que chaque voix dessine notre voie”

Cofondatrice avec Axel Dauchez de Make.org, pionnière de la démocratie participative en ligne, Alicia Combaz interroge depuis dix ans les citoyens sur des sujets de société. À notre tour de la questionner ! 

Votre début de carrière ? Je suis passionnée par l’innovation et les nouvelles technologies. VOD, jeux en ligne, AppStore, streaming, data, peuplent mon univers professionnel. Spécialiste du marketing et de la tech, je participe au développement du portail cinéma d’Orange et à la croissance de Deezer. Le management est agile et participatif… Make.org germe dans ce creuset.

Le déclic ? J’ai la conviction que la technologie doit être mise au service de la démocratie. Et créer un “sentiment de démocratie permanente” comme le décrit Pierre Rosanvallon. Avec Axel, nous fondons notre “civic-tech”, neutre et indépendante, et donnons la parole aux citoyens sur les sujets de société qui les concernent pour recréer du commun et co-construire des initiatives à fort impact.

Quel est le mode opératoire ? De chaque dialogue initié naît un plan d’action co-construit par les citoyens, les médias, les pouvoirs publics et les associations. Nous mettons également notre processus de consultation à disposition des entreprises pour les aider à impliquer leurs parties prenantes dans leur fonctionnement et leurs décisions. Par ailleurs, nous finançons, via notre fondation, une partie des actions à impact menées par les associations, en adéquation avec la parole citoyenne. Enfin, Make.org a mis au point des programmes de recherche dédiés fournissant des données uniques, afin de créer des LLMs (Large Language Models) alignés sur les valeurs démocratiques et les besoins sociétaux.

 De quelle action êtes-vous la plus fière ? La lutte contre les violences faites aux femmes. Notre initiative a recueilli plus de 500 000 contributions et a rassemblé des dizaines d’associations ainsi que les pouvoirs publics. Elle a notamment débouché sur la formation de dizaines de milliers de personnes à l’accueil des femmes victimes de ces violences, dont les effectifs de la police nationale.

Le profil des participants à vos consultations ? Il est lié à la stratégie de communication que nous mettons en place. La massivité et la diversité des participants sont clés pour s’assurer de la légitimité du process ; beaucoup oublient de travailler cet aspect, nous avons priorisé ce point. En amont de la dernière élection présidentielle, Make.org avait lancé avec France Bleu et France 3 Régions la plus grande consultation jamais menée auprès de la société civile, “Ma France 2022”, qui a réuni plus d’un million de participants. Elle a permis d’identifier 12 priorités, faisant une large place à la probité des élus, au pouvoir d’achat et à l’écologie. Sur chacune d’elles, les candidat(e)s à l’élection ont pu donner leur point de vue et les mesures très concrètes qu’ils souhaitaient pour y répondre.

Votre actualité ? Nous préparons le lancement de plusieurs Panoramic, notre outil GenAI qui permet de rendre accessible un contenu très complexe : un premier destiné à accompagner les malades de cancer dans leur parcours de soin, un autre qui va permettre de mieux comprendre ce qu’il se passe au sein d’une assemblée. 

Votre mantra ? Que chaque voix dessine la voie dans laquelle nous sommes engagés : la transformation positive de notre société.

Make.org en chiffres

11,8 millions de participantes et participants
419 013 propositions déposées
1 236 associations et entreprises engagées
3 bureaux : Paris, Bruxelles, Berlin
Make.org a remporté plusieurs prix dans la Tech for Good, dont le Talent Award for Democracy

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Hors compétition

Prix Engaged

Charlotte Courtois (CESEM 07)
Directrice-fondatrice - Konstelacio - UNESCO Young Leader for Peace

Connaître l’autre pour être soi-même

Pour comprendre qui est Charlotte Courtois et ce qui l’anime, il suffit d’écouter l’épisode “Anniversaire à la mexicaine” de son podcast Surprises interculturelles, lancé fin 2023. En quelques minutes, elle vous expliquera pourquoi en cassant la “piñata”, les yeux bandés, le jour de ses vingt-cinq ans, quelque part en Basse-Californie mexicaine, elle a symboliquement chassé le mal et perpétué une tradition née de la rencontre entre la Chine et les Aztèques, du temps lointain d’un certain Marco Polo… “Les cultures sont des processus dynamiques évoluant dans le temps, qui s’enrichissent des échanges entre les peuples”, explique la jeune femme. Dès son adolescence, en Australie, auprès de parents expatriés, elle découvre qu’il existe “un immense champ des possibles dans notre manière d’habiter le monde et de le comprendre, tout en diversité et en émerveillement.” Sa voie est tracée, elle décide d’œuvrer en faveur de l’interculturalité. À vingt ans, diplôme NEOMA en poche, elle est responsable marketing d’une pâtisserie-chocolaterie madrilène et obtient en parallèle un Master 2 en recherche en sociologie-anthropologie de l’Université de Nice Sophia-Antipolis. En 2011, âgée de seulement vingt-quatre ans, Charlotte crée l’ONG Konstelacio, aujourd’hui accréditée par l’UNESCO et parrainée par Bérénice Bejo, “pour sensibiliser les plus jeunes aux vertus de la rencontre avec leurs semblables, par-delà les frontières.” Sa force de conviction séduit le fonds de dotation d’Okaïdi et la voilà qui, seule, part pour un tour du monde de quinze mois. “Dans chaque contrée traversée, je demandais aux enfants d’écrire des histoires sur leur culture et leurs traditions, puis de comparer tous ces récits.” Un lien se tisse. Différences et similitudes en sont les fils. “Quand le rejet, voire la peur de l’inconnu fait place à la curiosité, la diversité devient une richesse et un incroyable terrain de jeu.” Connaître l’autre pour être soi-même, en perpétuelle évolution, comme un prolongement du “gnothi seauton” de Socrate. Ses premières amours, management et compétences interculturelles, restent également au cœur de son engagement. Elle dispense tout autour du monde des conférences, à destination des professionnels et du grand public, partageant anecdotes et outils concrets pour développer la performance et la cohésion des équipes en contexte multiculturel. Elle fait désormais partie des 50 Jeunes Leaders pour la Paix distingués par l’UNESCO.

Prix Influenceur

Patrick Thomet (PGE Rouen 96)
Directeur de projets - Malakoff Humanis - LinkedIn Top Voices depuis 2020

Un homme de bien 

Patrick Thomet est respectueux, au sens étymologique du terme : “res-pectare”, du latin “regarder à deux fois”. Jeune homme, il effectue son service militaire dans une association qui forme des prisonniers à l’informatique. Il voit la réinsertion possible, au-delà de l’incarcération. Puis il entame une carrière dans le domaine de la protection sociale. “Dans mon premier poste, je démarchais les créateurs d’entreprises, confie-t-il. Une population peu encline à protéger ses arrières, que j’alertais sur les dangers de faire face, seul, à un problème de santé si malheureusement il survient.” Voir plus loin et prévoir. De 2001 à 2012, Patrick est commercial puis manager Grands Comptes chez Malakoff Médéric. Très actif dans l’ingénierie produits, il imagine de nouveaux dispositifs de protection. En 2013, Malakoff Médéric fusionne avec Humanis et notre homme devient directeur du pôle Transport et Commerce. En 2017, il passe manager d’équipe conseillers retraite à la direction Grands Comptes, puis en 2019 manager de projets à la direction de l’Action sociale retraite. “Une période riche en belles réalisations : construction d'un grand pôle transports, création d’un réseau de consultants entreprises, d'un club RH, déploiement de nouveaux services autour des thèmes du handicap, des salariés aidants, des fragilités sociales et du “bien vieillir” en entreprise.” Depuis fin 2017, Patrick s’exprime également sur X “pour porter une parole positive, tellement j’étais effaré par les propos négatifs qui s’étalaient, anonymement, sur ce réseau.” En 2022, il est victime “d’un accident de parcours”, formule-t-il avec pudeur. Un cancer. “Aujourd’hui je suis en rémission et j’ai choisi de témoigner, sans tabou, sur cet épisode de mon existence : les combats à mener, l’efficacité des traitements mais la fatigue qu’ils engendrent, l’importance de l’entourage, le regard porté sur cette maladie, les problèmes de retour à l’emploi…” Directeur de projets à la direction Relation Clients de Malakoff Humanis depuis 2020, Patrick a été désigné la même année Top Voices de LinkedIn. La communauté professionnelle souligne la pertinence des contenus de ce spécialiste de la qualité de vie au travail. Il est également administrateur du GEFLUC Paris/IDF (les Entreprises contre le Cancer) et bénévole au sein de l’AF3M, qui soutient les malades du myélome multiple et leurs proches. Partout où il passe, Patrick œuvre en homme de bien.

Prix Espoir

Léa Legendre (PGE Reims 18)
Fondatrice - Cuissoh

On n’est jamais mieux servi…

… que par soi-même. C’est ce que s’est dit Léa Legendre. Bien lui en a pris. La jeune femme souffre du frottement de ses cuisses l’une contre l’autre lorsqu’elle porte une jupe ou un short. “Cela devient vite très douloureux, et il n’existait pas de produits sur le marché en mesure de résoudre ce problème.” Une seconde source d’irritation. Mais Léa refuse d’être condamnée au port du pantalon. Alors elle passe à l’action. À la réflexion dans un premier temps. Léa lance en 2019 une étude de marché auprès de 600 consommatrices. “60 % des répondantes se sont déclarées concernées et sans solution satisfaisante ! Je découvre qu’indépendamment du poids, ce frottement est également dû à la morphologie, au type de carnation, au degré de sudation…” Après un premier poste d’analyste financière à la Société Générale, Léa a rejoint à l’époque UpSlide, start-up spécialisée dans le développement de logiciel à destination des banques. Elle décide de créer en parallèle Cuissoh, une marque innovante de lingerie inclusive “qui s’ajuste au corps des femmes, et non l’inverse.”. Commence alors un long parcours de sourcing. “Il m’a fallu une année pour identifier les acteurs de la filière, comprendre comment on crée un vêtement, explorer toutes ses composantes ; les matières, les tissages, les coupes… Mais j’ai reçu un formidable accueil et noué une belle relation avec les fournisseurs européens qui m’accompagnent toujours aujourd’hui.” Léa quitte son poste salarié en août 2020 et injecte son indemnité de départ dans son projet naissant. Son premier produit, le Shorty Cool, “que j’ai testé sur moi en premier”, sort en mars 2021, “ après une campagne de financement participatif sur Ulule qui a mobilisé près de 1 200 contributeurs, quand j’en espérais une cinquantaine !” Les précommandes atteignent 2 000 unités. L’entrepreneuse double son nombre de followers sur Instagram et renforce ses liens avec les influenceuses “grande taille” en leur envoyant des produits. Parallèlement, elle démarche ses premiers retailers, de petites boutiques indépendantes de lingerie. “Nous avons essuyé quelques gros grains, mais ça y est, le bateau a pris la mer !” Avec comme voile un produit, “résistant, léger, indéformable, respirable et écoresponsable” qui donne entière satisfaction. Son cap, lui, n’a pas changé. Le confort des femmes, de toutes les femmes.